et autres théories critiques

J'aimerais vous parler de la théorie du genre, décrite par certains comme une rumeur infondée, mais qui fait partie intégrante des théories critiques1 englobant plusieurs courants comme la théorie critique de la race, les études décoloniales, l'intersectionnalité ou la théorie queer. Leur but est de déconstruire croyances, discours, pratiques sociales et institutions qui contribueraient aux inégalités.

Ce sont des courants de pensées qui mêlent des concepts psychanalytiques et marxistes, et même si Freud et Marx sont très intéressants à lire, les mélanger et essayer d'en adapter les raisonnements au 21e siècle, soit près de 150 ans plus tard, parait hasardeux. Cette vision psychanalytique de la lutte des classes adaptée à tous les domaines semble même contre productive.

La bonne mauvaise foi

Je ne doute pas de la bonne foi des individus en général, 99% des humains souhaitent un monde meilleur et vivre simplement. Je ne doute pas non plus de la bonne volonté de ceux qui ont usé de lobotomie pour soigner la dépression ou l'épilepsie, il y a de ça seulement un demi-siècle, ou encore ceux qui ont prôné le bûcher à la fin du moyen âge, afin là aussi de nettoyer le mal. Tout est question de contextes et d'interprétations, l'obscurantisme touche des domaines de toutes les époques, la notre y compris.

Il y a toujours eu des contestations des normes religieuses et/ou sociales dans l'histoire de l'humanité, et c'est très bien, cela permet de voir d'autres perspectives. Les justiciers sociaux contemporains sont souvent associés au "wokisme" car ils seraient "éveillés", ou plus "éclairés" sur les sujets d'injustices sociales. Certains de ces justiciers s'autoproclament représentants d'une communauté, pensent que l'univers est le produit de deux forces qui s'opposent, le Bien contre le Mal, les alliés contre les oppresseurs, et veulent construire une société plus juste quel qu'en soit le prix et les conséquences.

ma révélation dans les années 90

Malheureusement, la bonne foi n'empêche pas les erreurs d'analyse et les raccourcis. Les situations d'incompréhension sont nombreuses et l'offre de solutions s'en trouve souvent inadaptée. En effet, toute inégalité n'est pas synonyme d'injustice et considérer que le "combat" doit être moral et non basé sur des preuves peut mener le mouvement à devenir pseudo-religieux.

On remarquera que malgré toutes les grandes découvertes de ces théories critiques, il n'existe sur ces sujets aucun prix Nobel ou véritable reconnaissance scientifique. C'est surtout la visibilité croissante dans les médias, sur les réseaux ou dans les écoles qui amplifient l'importance qu'on lui accorde, au-delà de sa véritable réalité. Le Mal serait un système à déconstruire et à détruire, ce même système qui nous permet aujourd'hui pourtant d'exister, de nous affirmer, et même de le critiquer sans crainte. Ne pas en prendre conscience est de la mauvaise foi.

Le genre

Je vais me concentrer dans cet article sur les études genre, sans forcément m'y limiter. Les processus idéologiques restent sensiblement les mêmes sur toutes les théories critiques, et certains exemples aident à mieux comprendre comment opèrent ces justiciers sociaux. Le but est de porter à l'attention que des minorités de la population sont utilisées malgré elles à participer à une bataille politique qui affecte du monde, notamment les plus jeunes, dans leur construction et dans leurs relations aussi bien avec la réalité qu'avec les autres.

Le cadre conceptuel du genre semble intéressant pour la réflexion sur notre identité, mais semble aussi inquiétant car il pousse plusieurs narrations telles que :

  • le sexe et le genre sont uniquement des constructions sociales
  • la puberté est une condition médicale (une maladie)
  • les humains peuvent naître dans le mauvais corps
  • la transition vers l'autre sexe est possible et est réversible
  • les enfants peuvent transitionner et décider seuls de le faire
  • l'éducation à la sexualité et au genre doit commencer dès la maternelle

En tant que sceptique, il est selon moi très bien et indispensable de critiquer, mais aussi de comprendre que le raisonnement est tout aussi important que la conclusion, afin de ne pas fabriquer des dogmes. Je vais tenter de développer quelques axes, pratiques et dérives de cette théorie en abordant le langage, la biologie et le système éducatif, tout en partageant mes propres réflexions sur le sujet.


La foi de la rhétorique militante

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué doit être une devise de ces théories critiques. Il y a une obsession à imposer la bonne manière de parler, un combat linguistique de tous les instants qui change selon l'humeur de celui qui gagne la compétition victimaire. Certains des marqueurs usuels sont :

  • l'utilisation conjointe de certains vocabulaires comme "systémique" , "structurel" , "institutionnel" , "inclusif" ou "équité" (dans le sens "égalité des résultats" ), avec des termes comme racisme, sexisme, ou autre "machin-phobe" .
  • une altération des mots et de leur définition.
  • des catégorisations de plus en plus fines des individus malgré une apparente volonté d'inclusion.
  • la transformation systématique d'égalité en injustice, sans explication du pourquoi.
  • l'argumentation ad hominem, c'est-à-dire des arguments fallacieux ou des attaques personnelles.

On trouve régulièrement des organisations avec noms, images ou slogans à connotations positives pour susciter l'adhésion du public1. Une petite licorne ou un arc-en-ciel pour décorer, une petite formule "anti-kekchoz2pabi1", et le tour est joué, l'entreprise semble alors sympathique, une sorte de green-washing version multicolore. J'exagère un peu, utiliser du marketing ne rend pas coupable, mais il faut garder à l'esprit qu'il est peu probable qu'un voleur nous prévienne de ses roublardises, que cela soit perfide, maladif ou dicté par une fausse nécessité.

Sans aller jusqu'à la polémique idiote de l'écriture inclusive (qui n'est inclusive que de nom et sert souvent seulement à détecter un discours militant), les définitions et tournures employées sur les sujets du genre peuvent, de la même manière, semer le trouble dans la compréhension.

Trouble du vocabulaire

Prenons le cas du terme "cisgenre", qui permettrait soi-disant d'identifier une personne qui serait en accord avec son sexe biologique. Le préfixe "cis", qui est une reprise des préfixes de configuration géométrique utilisés en chimie, est utilisé ici pour spécifier "non trans". Une personne "cisgenre" est donc une personne "non transgenre". Pourtant, un homme qui se déguise en femme est appelé un homme travesti et non une femme travestie, et un homme qui ne se travesti pas, on ne dit certainement pas un homme "non travesti" et encore moins "cistravesti". Au lieu d'homme "cisgenre", il serait donc plus simple de dire un homme, et préciser "trans" pour un homme perturbé par son sexe biologique. Mais non, c'était trop simple, donc pour aider, soi-disant, une personne à se sentir "mieux dans sa peau", il faut confirmer et affirmer la désillusion : un homme qui se sent en désaccord avec son sexe biologique sera donc appelé une femme trans.

On arrive ainsi à des propos déroutants ou des situations qui laissent perplexe tels que des hommes qui peuvent tomber enceints, des hommes allant dans des prisons pour femmes, des hommes qui participent à des compétitions féminines, des hommes qui expliquent à leur médecin avoir fait une fausse couche ou qui s'étonnent d'être ménopausé. Pas toujours facile de s'y retrouver.

Dans certains jeux à but éducatif, des remaniements de définitions donnent des résultats loufoques mais malaisants pour qui apprécie le sens des mots :

Sexisme : La croyance que les hommes et le masculin sont supérieurs aux femmes et à la féminité.

Privilège : Fait référence aux avantages détenus par une personne d'un groupe dominant sur la base du genre, de la race, de l'orientation sexuelle, des capacités, de la classe sociale, etc. Par exemple, les hommes ont souvent des privilèges que les personnes d'autres genres n'ont pas.

Trans : Fait référence à une personne qui a une identité de genre différente que le sexe qu'on leur a assigné à la naissance.

(GenderSpectrum2018online.pdf p.51)

Ces arrangements idéologiques deviennent des erreurs flagrantes et des suppositions trompeuses. La discrimination devient une croyance, et fait passer le sexisme comme l'apanage des hommes, alors que cela concerne évidemment aussi bien les hommes que les femmes. Les privilèges seraient basés sur des spécificités raciales, de genre ou d'orientation sexuelle, ce qui pourrait être une adaptation des discours communistes du XIXe siècle, alors que le privilège est justement un passe droit, un avantage qui n'est pas de droit commun. Le sexe serait "assigné" à la naissance, alors que tout le monde sait qu'il est "constaté", et qu'il l'est même beaucoup plus tôt entre la 8e et 12e semaine de grossesse.

J'ai envie de poser 2 questions : Qu'est-ce qui n'est pas un homme ? Et quels sont les privilèges que les hommes ont et que "les autres genres" n'ont pas ? Les définitions multiplient les exemples où tout ce qui n'est pas homme serait systématiquement victime. Soyons clairs, un homme peut être un oppresseur, mais ni plus ni moins que n'importe quel individu sur la planète. La connerie n'est ni liée à la couleur de peau, ni au genre, ni à l'orientation sexuelle, ni au poids, etc..., la liste est quand même assez longue.

Tout ceci tend à créer une atmosphère stigmatisante et des injustices où il faudrait combattre moralement des ennemis, sans comprendre que ce ne sont la plupart du temps que des raccourcis, des généralités d'anecdotes ou pire, de fausses déclarations. Les travaux de Paulo Freire ont par exemple pu servir de base à la lutte contre l'oppression et ont fait germer l'idée que le seul remède à la discrimination serait la discrimination positive. C'est une grosse erreur de raisonnement qui pousse invariablement à la victimisation.

Politiquement incorrect

Les mots ont un sens qui peut varier considérablement en fonction des individus, des idées et des connotations attribuées à ces idées. Les mots n'ont pas de connotation propre, mais il faut s'en méfier car elle peut parfois être plus importante que la définition même des mots suivant les personnes et les groupes d'appartenances.

Ainsi nous nous imposons assez facilement la manière dont nous devrions dire les choses, mais n'oublions pas que nous pouvons être maladroits, stressés, avoir une sensibilité, une culture ou une éducation différente, et que la forme n'enlève pas forcément la qualité de fond du propos. Dans le milieu de la formation, je sais bien que nous aimons dire "il n'y a pas de question conne", mais c'est seulement un argument de vente pour motiver un auditoire à poser des questions. Bien sûr que les questions connes existent, mais ce n'est pas un souci, on a le droit de se tromper ou de provoquer, l'apprentissage par l'erreur est bénéfique et reste un apprentissage.

En effet, une question maladroite ou qui ne nous plaît pas car provocante doit-elle être considérée comme mauvaise ? Peut-on discuter d'un sujet sans essayer de le faire passer pour un tabou ? D'ailleurs, est-ce qu'un sujet de discussion peut-il vraiment être tabou ?

Censure

Les personnes qui s'essayent à ce genre d'exercices sur les sujets du genre font souvent face à un rejet systématique de la part de certaines communautés. Ces échanges sont perçus comme des attaques, alors qu'il est inévitable de pouvoir parler d'un sujet, qui plus est considéré comme délicat, sans prendre le risque d'irriter les sensibilités. Il paraît impossible de faire autrement dans ce contexte.

Malheureusement, il est de plus en plus fréquent que des luttes politiques s'incrustent et empêchent la communication, des groupuscules n'hésitant pas à utiliser des méthodes qu'ils dénoncent pourtant vigoureusement lorsqu'ils en sont eux-mêmes victimes.

Conférence sur "le questionnement du genre chez les enfants et adolescents" annulée par une Manif à Niort
Agression de Posie Parker après avoir eu un discours considéré incendiaire et nazi : "les femmes n'ont pas de pénis" (article)

Le droit de manifester est essentiel, mais il ne doit pas devenir une entrave à la libre circulation des idées. La démocratie repose sur la possibilité d'échanges ouverts sur tous les sujets et la tolérance des diverses opinions, tout ça dans le but de mieux comprendre les sujets et les choix qui s'offrent à nous.

Chacun sa réalité

Entre la méfiance envers les institutions, les théories du complot, la recherche d'appartenance et les biais cognitifs, nous sommes nombreux à confectionner des avis divers et variés. Nous y passons tellement de temps et d'énergie qu'il devient parfois très difficile de sortir de notre attachant schéma de pensées, même lorsque des éléments viennent contredire nos croyances. Il en va de même pour le monde épistémique de ces idéologues, l'univers de perceptions dans lequel ils évoluent est toujours réconforté car la confrontation d'idées n'est pas dans leur liste de priorité. L'un des outils argumentaires de leur liste marketing est le fameux "chacun son opinion" qui permet de clore simplement (et bêtement) le sujet.

Il est évidemment vrai que chacun a sa propre compréhension des faits. Mais attention, même s'il est tout à fait recevable et normal d'avoir des opinions différentes d'un même fait, il est inconcevable de ne pas pouvoir se mettre d'accord sur le fait en lui-même : la réalité n'est pas relative, seule son interprétation l'est. La recherche de la vérité passe par l'acceptation des faits, qui peuvent ne pas nous plaire ou ne pas nous rassurer, ce qui est souvent le fond du problème.

Ce qui est recherché n'est pas la volonté de croire, mais le désir de savoir, ce qui est exactement le contraire.

Bertrand Russel - Sceptical Essays (1928)

C'est difficile, mais si on cherche la vérité, on peut trouver du réconfort dans celle-ci, alors qu'en cherchant seulement le réconfort, on ne trouvera sans doute en finalité ni vérité, ni réconfort.


La foi d'une pseudo-biologie

C'est l'hypothèse : le sexe biologique n'aurait pas d'importance et ne serait qu'une construction sociale d'un sexe "assigné" à la naissance arbitrairement mâle ou femelle alors qu'il en existerait une multitude d'autres. A la limite, on peut considérer que l'interprétation de la biologie peut être influencée par les constructions sociales, mais la biologie, elle, est une science basée sur des faits et des données empiriques.

La reproduction humaine

Chez les eucaryotes, la reproduction sexuée est apparue il y a environ 1,2 milliard d'années. La fécondation est le processus qui unit les deux gamètes mâle et femelle, spermatozoïde et ovule, pour donner un zygote, une "cellule-œuf". Cette union donne un nouvel individu qui contient une combinaison complète de chromosomes issus des parents. Le sexe de ce nouvel individu est basé sur l'anatomie reproductive et sur le type de gamète que cette anatomie est censée être capable de produire. Du fait de ne posséder que deux gamètes, il est impossible d'avoir un autre type d'anatomie, il n'y a donc que deux sexes chez les humains. Le sexe biologique est un système binaire.

Evidemment, ce cycle de vie n'est que la normalité biologique de notre reproduction, il n'implique pas que tout le monde doit faire des bébés pour avoir une bonne vie ou une vie "normale", même si l'on doit forcément s'y accorder pour assurer un minimum notre existence et si l'on souhaite perpétuer nos gènes.

A ce sujet, même si nous prenons la décision consciemment de ne pas faire d'enfant, nos corps restent soumis à la programmation biologique de notre espèce et notre horloge interne peut réussir à nous faire agir en dehors de notre volonté. C'est d'ailleurs l'acceptation de cette programmation qui permet de rendre plus facile des décisions alors plus éclairées. Si vous êtes dans une boîte de nuit et que vous prenez la décision d'aller voir cette personne attirante que vous ne connaissez pas, croyez-vous que c'est uniquement votre volonté consciente qui vous anime ? On peut estimer sans trop se tromper que l'instinct de reproduction doit être quelque part dans l'équation.

Aussi, sur une population, quelques individus peuvent ne pas produire de spermatozoïde ou d'ovule, mais un individu n'est pas nécessairement représentatif de la population globale. Par exemple un enfant ne produit pas de gamète avant la puberté et certaines personnes peuvent ne pas être fertiles. Dans le même ordre d'idée, un humain qui n'aurait qu'un seul bras ne signifie pas qu'il faudrait considérer que les humains ne naissent pas avec deux bras.

Les caractéristiques sexuelles secondaires

Ces caractéristiques sont les traits physiques qui se développent pendant la puberté, étape transition de l'enfance à l'âge adulte. Chez l'homme, on note généralement un élargissement de la partie supérieure du corps et une augmentation de la taille, une croissance des poils faciaux et corporels, un épaississement de la voix, un développement musculaire accru, une croissance de la pomme d'Adam et une augmentation de la taille des testicules et du pénis. Chez la femme, on note le développement des seins, une distribution accrue de la graisse autour des hanches et des cuisses, un élargissement des hanches, le début des menstruations et le développement des organes génitaux externes et internes.

Ce développement est un processus naturel et progressif et son début et sa durée peuvent varier d'une personne à l'autre. La régulation se fait par les hormones sexuelles, principalement les œstrogènes chez les femmes et la testostérone chez les hommes.

Chez certains enfants, la puberté peut débuter avant l'âge habituel. Cette puberté précoce peut provoquer des problèmes d'estime de soi dans une moindre mesure, mais également des conséquences plus significatives, telles qu'une limite de la taille par un arrêt de la croissance plus tôt que prévu, des déficits de la fonction reproductrice ou des os affaiblis à l'âge adulte. On peut alors utiliser des bloqueurs hormonaux pour éviter ces problèmes médicaux.

Les chromosomes

On peut déterminer le sexe d'une personne par l'examen des chromosomes, mais c'est la compréhension préalable de ce qu'est le sexe qui a permis l'association des chromosomes et le sexe d'un individu. Autrement dit, c'est parce que l'on sait ce qu'est un mâle ou une femelle que l'on a pu faire cette association. Biologiquement, les chromosomes sexuels sont XX et XY respectivement pour femelle et mâle. Il existe également une part très réduite de la population qui peut posséder une variation chromosomique. Cette variation est régulièrement utilisée pour justifier la non binarité des sexes.

Le continuum des sexes

la non binarité

On peut entendre parfois que le sexe est un "spectre", un continuum, que c'est une construction sociale de croire qu'il y a seulement deux sexes, parce qu'il y en aurait une multitude entre mâle et femelle.

Il existe bon nombre d'articles sur le sujet, parfois dans des magazines assez prestigieux comme Discover Magazine1, Nature2, NewYorkTimes3 ou des vidéos youtube avec des millions de vues qui cherchent à démontrer ce spectre, souvent à coup d'arguments fallacieux.

Le genre de représentation qui décourage et trompe la réflexion (article)
Représentation de la "bipolarité" des sexes.

Comme certains individus ont une anatomie se situant entre mâle et femelle, ou ont une variation chromosomique, alors la conclusion qui s'imposerait est que le sexe n'est pas binaire, et que nous serions tous intersexes dans une certaine mesure.

Comme vu plus tôt, les conditions particulières existent mais ne permettent pas de réfuter les conditions habituelles pour autant, et si une personne ne sait pas déterminer une chose, comme le sexe, cela n'implique pas que cette chose ne peut pas être déterminée. Un exemple : même si l'on sait tous très bien qu'une pièce peut tomber sur sa tranche, je n'ai jamais entendu quelqu'un proposer "Tu choisis quoi ? Pile, face ou la tranche ?".

[…] 10 % au moins de la population porte des variations chromosomiques qui n’entrent pas parfaitement dans les catégories de femelles xx et de mâles xy.

(Butler 2005 [1990], p. 217-218)

Bon déjà, les variations chromosomiques qui n'entrent pas "parfaitement" dans ces catégories, les conditions intersexes, ne sont pas de 10% mais de 0,018% (article intersexe).

proportions suivant la population globale

A titre de comparaison, sur cette image de la population mondiale, où chaque pixel représente une part d'individus. Sur 23104 pixels, il y a 4 pixels intersexes (0,018%), 24 pixels trisomiques (0,1%), 415 pixels morts à la naissance (1,8%) et 1156 pixels non fertiles (5%). Environ 178 pixels vont mourir cette année, dont les 2/3 d'une maladie cardiovasculaire, d'un cancer, d'une maladie respiratoire ou d'un accident (source OMS). Le but de l'exercice n'est pas de minimiser l'existence des personnes intersexes, mais de minimiser l'impact de cette existence dans le système binaire.

Dans les faits, même une variation chromosomique de 1% ne remettrait pas nécessairement en question une règle biologique générale, et ne susciterait au mieux que des questions pour des recherches plus approfondies.

Dans un document du BC Teacher's Foundation qui sert de support pour les cours de science et biologie, il est supposé qu'être intersexe fait partie du spectre des sexes et que cela n'a aucune réelle influence sur la vie de la personne concernée. S'il est vrai qu'il est tout à fait possible de vivre normalement en étant intersexe pour 1% d'entre eux, dans 99% des cas, il y a diverses incidences sur la santé comme par exemple : compliquer la miction, l'activité sexuelle ou la fertilité, entraîner des difficultés sur la gestion des caractéristiques sexuelles liés à des problèmes hormonaux, avoir des risques accrus de diabète, d'ostéoporose ou de maladies cardiovasculaires. Il est nécessaire d'avoir un suivi médical régulier pour aider à gérer ces risques et maintenir une bonne santé, contrairement à ce que certains propos pourraient laisser entendre.

Le spectre pubère

De la même manière, l'idée est que, comme il existe un spectre de féminité ou de masculinité ou de traits sexuels secondaires, et que les intersexes existent, alors il y a obligatoirement une infinité de sexes entre mâle et femelle.

On apprend donc par exemple qu'une femme avec une forte pilosité aurait une tendance à être masculin, et qu'un homme qui aurait une voix aigüe aurait une tendance à être féminine. Il y aurait donc un imaginaire où des mâles avec une voix plus grave seraient plus mâles que d'autres mâles, et où des femelles avec des seins plus gros seraient plus femelles que d'autres. Est-ce qu'une femme qui serait plus grande que la moyenne des hommes serait moins femme pour autant ? On croirait entendre Coluche qui nous raconte la blague d'Omo qui lave plus blanc que blanc.

S'il y a bien un spectre, c'est sur le développement de ces caractéristiques sexuelles secondaires, on peut être plus ou moins poilu par exemple, mais cela ne remet pas en question son sexe ou son genre pour autant.

Avec cette logique, si une élève vient voir son instituteur pour lui dire qu'elle se fait harceler car elle aurait une voix trop grave ou un corps trop poilu pour être féminine, peut-être que l'instit lui proposera de réfléchir à sa condition de garçon, cela réglera le problème de harcèlement et lui permettra d'accepter ce qu'elle refoule tout au fond d'elle à cause des stéréotypes de genre, sait-on jamais...

Affiches d'organisations pour utilisation dans les écoles. La gentille licorne va tout nous expliquer.

Cette confusion instaurée entre le sexe biologique (son genre mâle/femelle), l'identité de genre (comment on ressent son genre homme/femme), et l'expression du genre (comment on présente son genre masculinité/féminité), est sans doute indispensable pour confirmer la théorie du genre, mais prouve par la même occasion que cette théorie n'est qu'une construction sociale, elle. Elle ne fait qu'expliquer ce que tout le monde sait déjà : dans la population, il y a des hommes efféminés, des femmes masculines et des romances non hétéro (quelle trouvaille !).

Si l'on peut s'accorder qu'il est normal de dire à un jeune enfant que chacun peut aimer qui il le souhaite, il n'est pas forcément nécessaire, sauf à sa demande, de rentrer dans des détails exhaustifs sur le genre ou la sexualité. C'est d'ailleurs les parents qui ont toujours tenu ce rôle, mais depuis quelques années, les écoles participent également à cette "éducation à la sexualité" et ne sont que rarement encadrés par des personnes légitimes à cette instruction.


La foi dans les écoles

Dans les écoles, lieux par excellence propices aux échanges et la pensée critique, on trouve de plus en plus, sur ces sujets en tout cas, de discussions à sens unique où la critique du raisonnement n'est plus encouragée, des définitions modifiées ou arrangées, transformant peu à peu des libres penseurs en fidèles. Je pense que les écoles sont un lieu de rencontre des idées, qui doit pousser la réflexion et éviter le parti-pris, autant que possible. Il est bon que les écoles puissent expliquer une idéologie sans montrer une quelconque adhérence. Un peu comme il parait normal d'expliquer ce qu'est la politique, et beaucoup moins de pousser des jugements de valeurs sur qui voter. Nous sommes tous influençables et influencés, mais cela ne doit pas nous empêcher de prôner la diversité de penser.

Aux États-Unis et au Canada, pour ne citer que ces deux pays, la théorie critique du genre est devenue partie intégrante du système éducatif, du cycle maternelle jusqu'à l'université. Dès le plus jeune âge, à un enfant qui se poserait la question de savoir si ce jouet est un jouet de fille ou de garçon, une réponse convenable serait de dire que tout le monde peut utiliser les jouets qu'il a envie, mais on propose ici de faire comprendre à l'enfant qu'il ne peut pas savoir si quelqu'un est une fille ou un garçon (Ressources sogieductation).

Rendre l'école inclusive

Dans un document à destination des écoles, il y est affirmé, comme nous l'avons vu précédemment, que le sexe biologique est un continuum et que les corps ne sont pas genrés. Au niveau identitaire, le genre serait défini de manière purement personnelle en fonction d'un ressenti intime "profondément ancré", et que chaque néologisme (le sens qu'on donne aux mots) pourrait prendre des sens différents selon chaque individu, ce qui est plutôt pratique quand on veut dire tout et n'importe sans prendre de responsabilité. Le cadre actuel serait négatif, car les enfants rencontreraient, à cause de normes de genre bien trop rigides, beaucoup de difficultés dans leur vie quotidienne.

Les cours et établissements doivent devenir inclusifs des Orientations Sexuelles et des Identités de Genre (OSIG). Pour parvenir à un tel résultat, certains documents à destination des personnels d'éducation (sources) préconisent par exemple :

  • des ressources qui incluent des "alliés", notion importante car suppose qu'il y a des "ennemis"
  • de questionner la structure familiale ou l'orientation sexuelle et d'inclure un règlement spécifique pour les élèves à orientation sexuelle et identité de genre différents
  • de changer les pronoms pour "iel"
  • que les graffitis sexistes, homophobes ou transphobes doivent être enlevés et traités sérieusement
  • de prévoir des vestiaires pour les genres neutres et que les trans peuvent les utiliser suivant leur propre désir d'appartenance
  • de prévoir des évènements sur les oppressions du genre
  • que chacun a le droit de se définir comme il le souhaite et, par "respect", tous les autres doivent systématiquement accepter et affirmer cette expression
  • que les membres de l'équipe éducative doivent se conformer aux requêtes de changement de nom et de pronom des élèves, et si les parents ne sont pas d'accord, ils devront aller voir un conseiller

Ils peuvent y déclarer également par exemple :

  • que les hommes sont par nature violents,
  • que la société pousse les gens à définir les femmes comme des êtres inférieurs,
  • que la société nous pousse à croire qu'il n'y a que 2 genres : mâle ou femelle, alors qu'il en existerait bien plus
  • qu'un professeur n'a pas le droit de dire qu'il est normal de développer des sentiments pour quelqu'un du sexe opposé

On prône dans ces documents une "éducation inclusive et respectueuse de la diversité", en citant diverses conduites à tenir, que cela soit dans les tenues, les matériels, les cours, sa "croyance" sur la binarité des sexes, etc. C'est du prosélytisme, ni plus, ni moins.

La congruence

Pour palier à toute cette rigidité hétéronormative, la solution serait la congruence, le fait d'harmoniser les 3 dimensions physique, identité du genre et expression du genre. Les solutions seraient dans l'ordre de :

  • changer ses vêtements, sa coiffure, son identité de genre, son nom et ses pronoms, ses papiers d'identité comme l'acte de naissance, le permis ou le passeport
  • recourir aux hormones ou bloqueurs hormonaux, dans le but de satisfaire la relation physique, psychologique et émotionnelle
  • recourir à la chirurgie, par l'ajout, le retrait ou la modification de traits physiques "genrés"

Il est stipulé qu'honorer toutes ces solutions serait une marque de respect, sous-entendu par exemple qu'empêcher la prise de bloqueurs hormonaux d'un jeune qui n'en aurait pas le besoin médical serait un manque de respect, ou devrait être vécu comme tel.

Au-delà de l'aspect clairement confusif entre "genre" et "traits de personnalité", on fait passer pour honteux tout questionnement et on encourage le victimisme.

L'argent public

En France, les cours d'éducation à la sexualité sont obligatoires depuis 2001. A été ajouté depuis 2016 une vision égalitaire des relations, et depuis 2021 un axe important sur les violences sexistes ou sexuelles et les mutilations sexuelles féminines.

Au-delà des quelques questions de santé publique intéressantes et utiles, on trouve plus des questions d'éducation civique que de sexualité, et ensuite la promotion des principales idées des théories du genre et des théories queer, comme la déconstruction des stéréotypes ou les "luttes" patriarcat / sexiste / homophobe / transphobe ou LGBT. Mais plus important : la remise en cause de la biologie, de la binarité ou encore les erreurs de diagnostics sur la dysphorie de genre.

Pour compléter, le gouvernement vient de créer le site "onsexprime.fr", où il y a un parti pris assez prononcé avec l'idéologie du genre. En plus des conseils sur les rapports sexuels assez mal venus (rappelons que c'est un site qui vise des jeunes de 11-18 ans, mais bon soit...), il est supposé qu'il faut, dès le plus jeune âge, douter de l'identité de genre et qu'il faudrait la choisir, comme s'il y avait une nécessité quelconque, parce que les jeunes seraient forcément perdus sans ce cadre de vie. On retrouve les statistiques trompeuses sur le spectre des sexes, on est bien dans la déconstruction supposée par la théorie queer. On retrouve aussi ces discours sur le site "questionsexualite.fr", en parallèle d'articles pourtant très instructifs et intéressants pour ces deux sites.

De nombreux organismes extérieurs, comme le planning familial ou des associations sur le genre, interviennent dans ces cours. Nous pourrions être tentés de croire que, comme ces personnes aident des minorités sexuelles dans le besoin (et ils le font sans doute très bien), ils seraient les plus à même de parler de sexualité, mais c'est un peu comme croire qu'une sage-femme, qui est une experte dans l'accompagnement des femmes enceintes, serait de facto experte des relations de couple.

Même si la voix des activistes est importante et a sa place dans le débat public, on omet trop facilement l'évident conflit d'intérêts : ces organismes ont un agenda militant et la promotion de leurs convictions est vitale pour pérenniser leurs activités ou leurs emplois. Cela peut créer un déséquilibre important entre la diffusion d'informations objectives et la promotion militante, comme on peut déjà le voir régulièrement sur certaines réalités biologiques ou sociales. Et tout ça aux frais du contribuable, rappelons-le.

Les vraies dérives

Je ne parle pas des cas de dérives de langage ou de méthode de présentation, qui existent bien, ne sont évidemment pas souhaitables car inadaptés, mais qui restent très anecdotiques et sont plus à classer dans les maladresses ou les erreurs que dans les idéologies.

En plus d'imposer de parler de son intimité à des inconnus dès le plus jeune âge -ce qui est déjà assez bizarre d'un certain point de vue-, des personnes, souvent sans légitimité et qui pensent comme au siècle dernier, se permettent de donner passes droit et conseils à des jeunes qui ne feront que se perdre en questionnements perturbateurs.

C'est toujours le même problème avec ces raisonnements foireux. Etre en minorité signifie seulement être en nombre inférieur, mais ils ne peuvent, encore une fois, s'empêcher d'en détourner le sens et d'y voir une catégorisation d'infériorité. C'est la lutte des classes version orientations sexuelles où le système inclusif devient un système discriminant.

La création des camps

Faut-il rappeler que le système scolaire, qui respecte la loi, condamne tout harcèlement, quel qu'il soit. Il y a d'ailleurs régulièrement des interventions internes et externes sur ces sujets. Il n'est pas nécessaire de créer une hiérarchisation victimaire : nous savons tous que chacun peut avoir une sensibilité différente sur des évènements identiques. Ici il y a un discours qui pousse à croire que certains auraient, par leurs attributs de naissance ou leur sexualité, une prédisposition à être oppressé ou être oppresseur. C'est à la fois très ridicule et très dangereux. A force de créer des "cases négatives", ce sont en réalité toutes ces préconisations qui poussent ces élèves à se sentir "différents" et surtout à mal vivre toute remarque de ces différences et donner des impressions d'injustices.

Les stéréotypes

Est-ce mauvais ? Doit-on s'excuser d'adhérer à un stéréotype de genre ? Doit-on envoyer les femmes construire des routes pendant que les hommes restent à s'occuper des bébés sous le simple prétexte que nous devrions "être à la page" et qu'il faut "savoir vivre avec son temps" ? Est-ce vraiment une avancée de vouloir renier nos différences, mais surtout comment savoir si ce raisonnement est valide et valable pour tous, ou au moins pour la majorité ?

Rappelons que garçon, homme, fille ou femme ne sont pas des termes irrespectueux, ils désignent simplement des étapes de la vie d'un humain. Si un élève ne se retrouve pas en ces termes, il n'y a pas de problème, il peut tout à fait en parler avec un spécialiste qui saura l'orienter dans sa réflexion.

heureusement il nous reste l'humour

Il faudrait également mentionner qu'il est tout à fait normal pour certains garçons d'être efféminés, ou pour certaines filles d'être des garçons manqués. Plutôt que les stéréotypes de genre, je préfère parler de comportements genrés. Ils se différencient à ceci près qu'ils ne sont pas forcément des clichés et ceux-ci ne sont qu'une incitation à se construire. Il y a bien des aptitudes et traits de caractères qui peuvent être biologiques ou sociologiques et il ne faut pas les considérer dogmatiquement comme bon ou mauvais. Comme la religion permet à certains de se fournir un cadre de vie, les comportements genrés permettent aux individus d'une société d'établir des liens et d'attendre une certaine norme comportementale.

La place des élèves

Il est quasiment impossible pour des élèves de maternelle ou d'école primaire ne serait-ce que de comprendre un début du schmilblick, ils n'ont pas les capacités intellectuelles de réfléchir à ces courants de pensées comme ces idéologues aiment à le faire croire, parce que ça arrangerait leur business model. Les principaux intéressés, les enfants, n'ont que faire de ces idées là, ils veulent jouer, s'instruire, grandir tout simplement (note : c'est le sujet de mon mémoire à paraître).

Le cortex préfrontal ne finit de se former que vers 25 ans.

On pourrait très bien se dire que rien de tout cela n'est grave, que c'est marginal. Mais que penser d'insérer des faux clichés, de faire participer à des combats idéologiques et politiques ou encore d'instruire des contre vérités à des enfants ? Est-ce ce que l'on souhaite pour leur apprentissage ? Actuellement peu de personnes ont les aptitudes pour parler de l'intimité dans les écoles, et même certaines formations à la sexologie font l'apologie d'idées centenaires. Il faut quelqu'un capable de comprendre les tenants et les aboutissants, qui ne se limite pas à l'instruction purement civique, au ridicule du génital ou au militantisme. L'apprentissage de l'intimité peut apporter beaucoup aux jeunes, mais il doit être dispensé ou au minimum être encadré par un professionnel du domaine, et non par des idéologues de la transition ou du genre.


La foi de transition

Je passe par la case trans et les soins affirmant le genre pour étayer mes propos. C'est un point souvent mis en avant par les représentants du genre, comme la congruence vue précédemment, pour faire croire à la nécessité d'adhérer et de confirmer le traitement d'une dysphorie, alors que le trouble n'est pas forcément lié.

Sexe interchangeable

La justice sociale ne peut pas répondre positivement à tout, c'est comme vouloir le beurre et l'argent du beurre. A l'heure actuelle de nos connaissances, le sexe n'est pas interchangeable. La prise d'hormone ou de bloqueurs hormonaux a des conséquences autres que celle de "changer de sexe", et même en imaginant que nous puissions avoir dans le futur une "clinique de la parfaite chirurgie de l'organe génital", il sera quand même alors impossible d'accéder à la stratégie de reproduction.

De plus, la détransition, le fait de revenir à son sexe d'origine si l'on peut dire, est un acte impossible s'il y a eu chirurgie. L'ablation des parties génitales est définitive, les chirurgies de reconstruction ne permettent pas de récupérer des organes qui ont été enlevés. Il faut savoir également que dans le cas de prise d'hormones, l'arrêt après une longue période n'est pas forcément sans effets et peut potentiellement provoquer entre autre l'infertilité.

Seule l'éducation compterait

Le psychologue John Money était un spécialiste de la "plasticité du genre sexuel". En 1966, une circoncision ratée sur Bruce Reimer, âgé de 8 mois, lui fit perdre son pénis. John Money persuada les parents de Bruce qu'il pourrait être une fille s'il était élevé comme telle. Après une ablation des testicules, Bruce devint Brenda, et devait prendre des hormones pour faire sa transition. John Money affirma dans de nombreux articles que la réattribution était un succès et que le sexe biologique s'efface pour peu qu'on lui inculque un "autre genre". Pourtant dans la réalité, c'était un échec manifeste. Bruce voulu reprendre une identité masculine à l'adolescence, il écrivit plus tard un livre pour dénoncer son cas. Il n'accepta jamais sa condition et se suicida à 38 ans.

Etre dans le mauvais corps

Aucun animal sur la planète ne né dans le "mauvais corps". Seuls les humains se posent ce genre de question. Et quand bien même ils peuvent se la poser, ne soulève-t-elle pas en réalité la question de savoir, beaucoup plus simplement, si le corps que nous avons nous plaît ? Car oui, dans ce cas, nous pouvons dire qu'il nous arrive assez souvent, à nous les humains, de nous dire "j'aimerais bien être plus musclé, être moins gros, avoir des longs cheveux, me refaire les seins, en avoir une plus grosse, ...", j'en passe et des meilleurs. Bon nombre d'entre nous n'aiment pas leur image sur une photo, et extrêmement peu se regardent de manière admirative dans le miroir.

Est-ce que le fait de ne pas aimer son corps ou une partie de celui-ci impliquerait d'être né dans le mauvais corps ? Non, notre corps est le notre, avec ses qualités et ses défauts, comme notre caractère. Certains détails pourront être améliorés par la pratique sportive ou modifiés par la chirurgie par exemple, mais d'autres ne pourront pas l'être, c'est ainsi. Le fait de ne pas accepter notre corps n'est pas un signe d'être né dans le mauvais. Tout au plus, il est le signe d'un mal-être ou éventuellement d'un état dépressif.

Les soins affirmant le genre sauvent des vies

Oui les personnes qui ont une dysphorie de genre sont plus suicidaires que la moyenne, on parle tout de même d'une statistique pouvant dépasser les 50%. Or malgré l'arrêt en Suède et en Finlande de ces traitements, il n'y a pas eu d'augmentation du nombre de suicides.

Une méta-étude fait l'analyse sur les résultats statistiques de 67 références liées au suicide suite à un traitement d'affirmation de genre. La conclusion est assez claire : aucun élément actuel ne permet de conclure à une amélioration de la santé lors de ces traitements. La seule certitude est qu'avant ou après traitement, le taux de tentative de suicide et les pensées suicidaires de ces personnes sont extrêmement élevés. Cela est vrai aussi bien par la prise d'hormones, que par l'utilisation de bloqueurs hormonaux ou par les opérations chirurgicales. Si vous aviez un médicament qui ne vous sauvait qu'une fois sur cinquante, vous espéreriez sans doute pouvoir bénéficier d'un médicament plus efficace. Même les recherches de l'Association Professionnelle Mondiale pour la Santé des personnes Transgenres (WPATH) n'ont pas de preuve allant dans ce sens, mais ils préconisent le besoin d'une stabilité psychologique avant d'entamer tout traitement, et une attente de l'âge adulte avant la transition, ce qui dans de plus en plus de cas n'est pas respecté.

Priorité à la cause

Vivre une injustice est assez commun dans la vie d'un individu, et il arrive fréquemment qu'elle ne soit seulement qu'un ressenti et non un réel vécu. Et au nom de la défense des minorités, la tendance est à minimiser les ressentis et les injustices de ceux qui n'en feraient pas partie.

Le sport

Prenons le cas concret du sport : Un homme qui se sent femme souhaite participer à une compétition sportive féminine. On sait aujourd'hui que les personnes trans, malgré un traitement hormonal, ne perdent que très peu des avantages physiques masculins comme la densité osseuse, la capacité pulmonaire ou la masse musculaire (pour ne citer que ceux-là).

Reportages France 5 pour l'accès des hommes aux compétitions féminines

Dans ce reportage, contrairement à ce que dit le présentateur, cette personne n'est pas interdite de compétition "à cause de son identité transgenre", mais bien parce que c'est un homme et que cela aurait un impact négatif pour les participantes. Personne ne l'empêche de participer dans la catégorie homme, à part peut-être ses propres résultats. Avec ses 22'30 à l'entraînement, il arriverait 4e au classement féminin Français et 114e dans le monde. Mais dans la compétition masculine, il ne passerait pas la sélection et n'apparaîtrait pas dans le classement Français ou mondial. Le reportage préfère focaliser malheureusement sur sa transition et l'oppression que cette personne subirait sans prendre en compte l'oppression que subiraient toutes les personnes qui ne pourraient rivaliser avec lui en compétition.

La vraie question que nous devrions nous poser est : le malaise vécu par un homme qui se sent femme et qu'on empêche de participer à une compétition sportive féminine est-il plus important que le malaise vécu par une femme qu'on empêche de participer à une compétition sportive de sa catégorie ?

La seule solution dans l'immédiat serait de créer une catégorie particulière "trans" si l'on souhaite ne pas créer d'injustice, mais beaucoup d'hommes qui n'arrivent pas à percer dans leur catégorie seraient sans doute tentés de changer de catégorie. Actuellement, c'est ce qui est en train de se passer, les trans sont motivés à participer aux compétitions féminines, mais au détriment des femmes.

Le médical

Dans certains établissements hospitaliers, si vous êtes patient et que vous refusez qu'un médecin homme vous ausculte, vous pourriez être coupable de discrimination si c'est un "médecin trans" (lien article). Là aussi, on commet l'erreur de privilégier le ressenti d'un individu envers un autre en faisant abstraction de la réalité. Le problème pour le patient n'est pas que la personne soit trans, mais bien que cela soit un homme dans cet exemple. Les lobbys font en sorte de créer des règlements et des lois qui imposent une sorte de hiérarchie de la discrimination.

Les prisons

Imaginez un homme violent qui déciderait de se considérer femme avant sa sentence, il serait alors envoyé dans une prison pour femmes. En réalité ce cas existe déjà et il n'est pas unique. Certains organismes "pro-trans" émettent d'ailleurs des discours tendant à faire croire que les hommes, violents par nature, ne seraient plus agressifs une fois la transition débutée car les hormones "arrangent" tout.

Dans les prisons britanniques et états-uniennes, au moins 50% des personnes femmes trans (note : hommes biologiques) sont incarcérées pour agression sexuelle, c'est une moyenne plus haute que la moyenne des mâles condamnés. Cela ne signifie évidemment pas qu'être trans impliquerait d'être violent, mais cela rend compte que le "changement de sexe" ne permet en aucun cas de réduire ou d'annuler toute forme de violence. Rejeter son corps n'implique pas de rejeter sa construction biologique et sociale, et n'implique pas de pouvoir rejeter les comportements de genre associés, si on peut considérer par exemple qu'un stéréotype masculin devrait être forcément violent.

Petit point : Des niveaux élevés de testostérone ont montré une corrélation avec des comportements agressifs chez les primates. Mais bien que nous soyons des primates, les études chez les humains ont donné des résultats mitigés et souvent contradictoires. Cette hormone influe sur la compétition, la dominance sociale et la prise de risque, sans pour autant impliquer des comportements violents. La violence est un mécanisme complexe et il serait simpliste de la réduire à une hormone. Cette hormone ne doit pas servir de justificatif à des conclusions hâtives. Le fait d'être un homme n'implique pas la volonté de violence (je vous conseille l'article Taux de testostérone à ce sujet).

Résolution par l'absurde

Qu'est-ce que signifie "de vraies femmes" ?

Si une solution consiste à considérer la biologie comme étalon, une autre solution est de définir le ressenti comme étalon. Le ressenti primerait donc sur les faits. Si quelqu'un se considère femme, il lui est alors interdit de participer à une compétition masculine. Et inversement, si une femme biologique se sent homme, il lui sera interdit de participer aux compétitions féminines. Malgré les exceptions rares mais évidemment possibles, vu qu'un homme assez moyen fait mieux, en sport, que son homologue féminin, si on désire mixer les participants lors des compétitions, on va créer un système sportif où seuls les hommes biologiques participeront. A cause de cette domination, les femmes biologiques perdront des résultats, perdront des sponsors, et perdront toute motivation à continuer, et finiront par ne plus être représentées, ou si peu. Je ne pense pas que ce soit ce que nous voulons dans un système égalitaire. N'y a-t-il pas là un vrai combat à mener par les militants pour éviter les débordements ?

En réalité, je me fiche de savoir qui est trans. Plus précisément, ce qui m'importe, ce ne sont pas les croyances d'identification, c'est de savoir que des hommes, et non des trans, puissent accéder aux espaces réservés aux femmes, dans des lieux considérés intimes tels que les vestiaires ou les toilettes, ou comme les catégories sportives.


La foi aveugle

En France, on est capable à la fois de rendre illégales les thérapies de conversion (seulement depuis août 2022), ce qui est un véritable bien, et dans le même temps de fournir des subventions de millions d'euros d'argent public (source) à des organismes (qui ont leurs maisons mères ou leur idéologie mère aux États-Unis) qui poussent des jeunes à faire des transitions alors qu'il n'y a pas de dysphorie véritablement constatée. Certaines personnes tentent d'en dénoncer les dérives. C'est un vrai business qui est en train de créer plus de victimes qu'il n'en sauve car il est aveugle à notre évolution et aux égarements individuels et collectifs.

L'interdiction

L'interdit est ce qui a permis aux humains, durant toute son histoire, de se différencier des autres animaux. Aucun animal à part l'humain ne s'interdit quoi que ce soit, il est le seul capable de s'imposer lui-même des règles, de mettre en place des normes qui lui permettent de créer une civilisation. Imaginez si le code de la route n'existait pas, il suffit d'observer ce qui peut arriver lorsque certains font fi de ce code, ces personnes égoïstes deviennent potentiellement des dangers sur la route. Et même si d'une manière générale, nous aimons briser des règles, c'est surtout dans le but de les améliorer. Le code de la route a mis pas mal d'années avant d'arriver à quelque chose qui nous semble correct, pourtant la technologie qui l'utilise est très récente. Il parait alors évident que des normes qui ont été construites pendant des milliers d'années pour les lois, pendant des centaines de milliers d'années pour nos interactions sociales, et pendant des millions d'années pour nos interactions biologiques ne vont pas pouvoir s'effacer ou tout du moins s'améliorer aussi rapidement.

Ceux qui s'imaginent vivre par delà les comportements genrés se trompent lourdement, ils sont juste très attachés à se croire au-dessus de tout ça et à rejeter en bloc ces normes, souvent sans apporter de solution à un manquement. Ces normes biologiques et sociales sont pourtant ancrées en eux, en nous tous, bon gré mal gré, et même si nous devons les améliorer car elles ne pourront jamais être parfaites, il faut commencer par les accepter, sinon le déni de réalité empêchera notre évolution. Ces normes ne sont pas arbitraires, au sens où elles ne sont pas apparues de nulle part. Nos inégalités ne doivent pas être prises systématiquement pour des injustices, hommes et femmes ont chacun leur façon d'être. Chacun peut avoir des capacités et compétences qu'un autre n'a pas, et elles n'existent pas pour oppresser les autres ou faire le mal, mais bien pour se compléter. La civilisation, l'ensemble des individus d'une société, ne fait que reconnaître ces normes en désignant les responsabilités qui viennent avec ces rôles.

Notre évolution

Certaines normes peuvent évoluer plus rapidement et facilement que d'autres, et il n'est pas nécessaire de renier toutes les personnes accordées sur un système de valeurs pour faire évoluer les mentalités, c'est même contre-productif. Actuellement, cette volonté de "déconstruire" les normes de genre n'estime aucunement les conséquences et ne mesure pas non plus la pauvreté de la solution proposée, une solution basée exclusivement sur la victimisation et la discrimination positive, autrement dit la haine de l'autre, encore et toujours.

Chacun fait ce qu'il veut, chacun peut adhérer ou non à ces rôles de genre, cette sorte de "religion sociale" qui permet à certains de se sentir bien dans un rôle, mais rien n'empêche d'être bien dans un autre rôle non plus, mais aussi à chacun de ne pas se considérer victime de ses propres choix de vie. Les comportements genrés ne sont pas des préjugés. Il convient de dire aussi que si le genre n'existe pas, ou qu'il n'aurait plus de signification, alors c'est remettre en question l'existence de toute la partie LGBT de notre communauté, qui ne peut difficilement s'expliquer sans notre évolution normative. Dans tous les cas, cette idéologie n'arrivera pas à contenter tout le monde même si elle va forcément essayer de le faire.

Dérives

Machiavel

De la même manière que ce n'est pas la masculinité ou la féminité, mais bien les individus qui peuvent être "toxiques", il convient de comprendre que ce n'est pas le fait d'être LGBT ou non qui change les fondements intellectuels, les valeurs et les traits de caractère d'un individu.

Si vous pouvez concevoir qu'un individu puisse être mal intentionné, sans forcément représenter le groupe auquel il appartient, alors vous pouvez comprendre par exemple qu'il puisse se servir du système dans lequel il évolue pour profiter des failles. Je m'explique : nous avons tous vu les affaires d'agressions sexuelles et de viols d'enfants dans les églises, pourtant les curés ne sont pas des pédophiles, ce sont bien des agresseurs et pédophiles qui se sont facilité l'accès à des enfants en intégrant un lieu propice à rencontrer des jeunes. De la même manière, si nous acceptons de permettre à des individus d'accéder à des lieux propices aux situations inappropriées ou périlleuses, les individus mal intentionnés ne se gêneront pas pour profiter des failles du système. Ce n'est évidemment pas la totalité des individus qui doit être inquiétante, mais la marge mal intentionnée, machiavélique ou extrémiste qui peut faire beaucoup de mal, nous le savons bien.

La mixité n'est absolument pas mauvaise en soi, et la plupart du temps, il n'y aura jamais de problème. Cependant, il ne faut pas se voiler la face non plus, les portes que nous rouvrons peuvent nous transporter vers des situations allant à l'encontre de nos bonnes mœurs. Si certaines portes avaient été fermées, comme celle de la mixité dans les prisons après la seconde guerre mondiale, c'était pour de bonnes raisons, principalement pour protéger les femmes.

mauvais diagnostic

Ma principale inquiétude se dirige surtout vers les plus jeunes et leur famille, que l'on amène vers des diagnostics qui peuvent être totalement à côté de la plaque, confondant la cause et les symptômes. Cela aura des répercutions sur leur vie et leur intimité. Ces familles se retrouvent souvent désemparées face à la situation, et on ne les considère pas assez comme des victimes. Si un adulte peut évidemment faire ce qu'il lui chante, il est pour moi difficile de concevoir qu'un enfant puisse consentir à une prise hormonale ou à une chirurgie de ses organes génitaux, surtout quand on sait que le cortex préfrontal, qui permet de prendre les décisions, n'est pleinement formé que vers l'âge de 25 ans.


La mode sur les réseaux est aux messages simplistes du genre "Vous êtes unique et précieux, ne laissez personne vous dire le contraire", un body positivisme de l'esprit où ce que l'on imagine compterait davantage que ce que l'on fait. Pourtant dans la réalité, on ne juge pas quelqu'un par son orientation sexuelle ou sa couleur de peau, mais par ses actes.

Ces théories critiques qui préfèrent se concentrer à rechercher sans cesse des injustices ont un peu tendance à oublier que le monde évolue malgré elles. La théorie du genre n'y fait pas exception, mais à force de stigmatisation, cela risque de créer un mouvement qu'il sera difficile de ne pas rendre extrémiste, si ce n'est déjà pas trop tard.

Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière d'être un garçon ou une fille, d'avoir un genre ou d'avoir une biologie. Il faut être soi, avec ses qualités et ses défauts, grandir chaque jour un peu plus suivant ses convictions afin de devenir une meilleure version de soi-même. Et dans l'intérêt collectif, comme la liberté des uns s'arrêtent là où commence celle d'autrui, ne laissez par la tolérance devenir l'outil de l'intolérance de ce qui nous a construit.


Sources
Critical Theory - (Stanford Encyclopedia of Philosophy)
Théorie critique de la race (wikipedia), études décoloniales, l'intersectionnalité, la théorie queer, les études juridiques critiques
Wokisme (wikipedia)
Isomérie cis-trans (wikipedia)
Paulo Freire (wikipedia)
Trans activists disrupt Kathleen Stock speech at OxfordUnion (theguardian)
Eukaryota
Skeletal Studies Show Sex, Like Gender, Exists Along a Spectrum (discover)
sex redefined (nature)
why sex is not binary (newyorktimes)
youtube - science proves there are more than two human sexes
beyond XX and XY (scientific american)
Intersexes et continuum
let's talk about hormones (BC-TeachersFederation)
Documents à destination des personnels d'éducation : ressourcesOSIG.pdf / GenderSpectrum2018.pdf
Sexes, genres et orientations sexuelles, comprendre la diversité document de 189 pages pour nous expliquer la vision très 20e siècle, en oubliant que nous sommes déjà bien avancé dans le 21e et que la majorité des gens n'ont pas du tout de préjugés sur ces sujets.
Document à destination des écoles : Gender Spectrum - comprendre le genre
Conseil pour savoir si c'est un jouet de fille ou de garçon : Document ressource sogieductation.
SOS Education affaire ecole primaire
John_Money (wikipedia)
Éducation à la sexualité (gouv.fr)
GenderSpectrum2018online.pdf
https://wpath.org/
discrimination hopital (telegraph)
prison detenues trans (laPresseCA)
Taux de testosterone
Plan lutte haine LGBT (gouv.fr)
Body positive
The Coddling of the American Mind (2018) Un livre qui va vous apprendre que le monde universitaire aujourd'hui tourne sur 3 règles : - ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible - la vie est une bataille entre les gens purement bons et purement mauvais - faîtes toujours confiance à vos sentiments.
Pour en finir avec le Moyen Age - Régine Pernoud (1977) - (et tous ses livres d'ailleurs)
Thérapie de conversion
I thought i was saving trans kids - Billet du 9 février 2023 de Jamie Reed qui dénonce les abus sur les transitions

Notes
1 - Certains organismes peuvent, malgré leur appellation comme "Auckland Peace Action", "Green Peace", "Antifa", "Black Lives Matter", participer à des actes répréhensibles sous couvert d'être pour le bien.


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