Parfois les organes génitaux ne permettent pas de définir si on est mâle ou femelle. Un humain avec le patrimoine génétique femelle (chromosomes XX) peut naître avec les organes génitaux extérieurs d'un mâle, et inversement pour un humain avec le patrimoine génétique mâle (chromosomes XY). Dans de très rares cas, l'humain peut naître avec les deux organes génitaux. On les référence collectivement comme intersexes, mais est-ce la preuve d'un continuum, c'est-à-dire que le sexe serait un ensemble d'éléments homogènes de résultats ?
Fréquence des intersexes
Il est réputé difficile d'estimer la fréquence des intersexes et dans certaines lectures, le sexe est une "construction" et elle est un continuum, une panoplie de sexes allant d'un extrême à l'autre.
Alors que les mâles et les femelles sont sur les extrémités d'un continuum biologique, il y a plusieurs mélanges d'anatomies qui sont considérés à la fois mâle et femelle, un continuum des sexes [...] nos notions actuelles de la masculinité et de la féminité sont des vanités culturelles. [...] Les techniques chirurgicales modernes aident à maintenir le système de deux sexes car ceux qui naissent intersexe, phénomène assez courant, sont tout de suite "corrigés" avec une intervention.
Anne Fausto-Sterling, 2000
Définitions des intersexes
Il s'agit de définir plus précisément ce qu'est l'intersexe. L'intersexe semble être un terme générique qui peut décrire toute variation de l'apparence des organes génitaux ou des caractéristiques sexuelles. Dans certaines études, il a été pris en compte les conditions suivantes :
- L'hyperplasie congénitale des surrénales d'apparition tardive (HCSAT) : Lorsque les glandes surrénales (situées au-dessus des reins) ne fonctionnent pas correctement et ne produisent pas correctement les différentes hormones, y compris les hormones sexuelles. L'HCSAT se manifeste au plus tôt à la fin de l'enfance.
- Le syndrome de Klinefelter : C'est une condition chromosomique qui se produit lorsqu'un individu a au moins un chromosome X supplémentaire. La plupart des individus ont 46 chromosomes, organisés en 23 paires. Dans ce cas, il en aurait 47 au lieu de 46.
- Autres non XX, non YY : Variations de l'apparence des organes génitaux et des caractéristiques sexuelles atypiques qui ne sont pas liées aux syndromes Klinefelter et Turner mais causées par d'autres facteurs tels que des anomalies hormonales ou congénitales.
- Syndrome de Turner : C'est une condition chromosomique qui se produit lorsqu'un individu a un chromosome X manquant. Il aura 45 chromosomes au lieu de 46.
- Agénésie vaginale : Condition rare qui se produit lorsqu'un individu n'a pas de vagin ou que le vagin est mal formé.
- L'hyperplasie congénitale classique des surrénales (HCCS) : Lorsque les glandes surrénales ne fonctionnent pas correctement. L'HCCS se manifeste habituellement dès la naissance.
- Insensibilité complète aux androgènes (ICA) : Condition rare qui se produit lorsqu'un individu ne répond pas aux hormones sexuelles masculines appelées androgènes. Les individus atteints peuvent avoir des caractéristiques physiques qui semblent féminines à la naissance ou avoir des caractéristiques atypiques qui ne sont pas clairement masculines ou féminines.
- Les vrais hermaphrodites : Individus qui ont des organes génitaux externes qui ne sont pas clairement masculins ou féminins. Ils peuvent avoir des organes génitaux externes qui ont des caractéristiques des deux sexes ou qui ne ressemblent à aucun des deux sexes.
- L'idiopathique : Terme qui est utilisé pour décrire une condition ou un problème de santé dont la cause est inconnue.
- Insensibilité partielle aux androgènes (IPA) : Condition très rare qui se produit lorsqu'un individu ne répond pas complètement aux hormones sexuelles masculines.
L'HCSAT peut être associé à l'intersexe, c'est-à-dire à une variation de l'apparence des organes génitaux externes ou à des caractéristiques sexuelles atypiques. Cependant, l'HCSAT peut causer des problèmes de santé indépendamment de la variation des organes génitaux. Pour le syndrome de Klinefelter, les individus atteints peuvent avoir des caractéristiques physiques atypiques, comme une taille plus grande que la moyenne, et des bras et jambes plus longs que la normale. Ils peuvent présenter des problèmes de santé liés à la production d'hormones, comme une faible production de testostérone, et peuvent avoir des difficultés de développement sexuel. De la même manière, le syndrome de Turner peut provoquer des caractéristiques physiques atypiques, mais à l'inverse comme une taille plus petite ou des membres plus courts que la normale, une faible production d'œstrogène entraînant des difficultés de développement sexuel. L'agénésie vaginale est associée à d'autres anomalies congénitales, comme une malformation de l'utérus ou des trompes de Fallope, donc une incapacité à utiliser l'appareil génital dans le but de procréer.
Dans ces conditions, il semblerait que cela ne soit pas lié seulement à un développement sexuel différent, mais bien un symptôme d'un problème de santé. C'est indépendant d'une variation des organes génitaux qui pourraient être naturelle, qui pourraient être considéré comme une évolution, peu importe qu'elle soit négative ou positive, mais comme elle provoque des problèmes de santé autre que la variation des organes génitaux, ces conditions ne devraient pas être prises en compte dans la fréquence des intersexes. Il serait plus judicieux de considérer l'intersexe, malgré les définitions militantes, comme une variation naturelle des organes génitaux et des caractéristiques sexuelles qui n'impose pas, de fait, le recours à des moyens de "guérison" puisque non malade.
La confusion entre caractéristiques sexuelles et identité de genre aggrave le risque de stigmatisation, les personnes intersexes n'étant pas nécessairement "non binaires".
Fréquences
A la vue des différentes conditions, le tableau suivant est dressé :
Conditions | % |
---|---|
Hyperplasie congénitale des surrénales d'apparition tardive | 1.5 |
Klinefelter | 0.0922 |
Autre XX/XY | 0.0639 |
Syndrome de Turner | 0.0369 |
Agénésie vaginale / Atrésie vaginale | 0.0169 |
Hyperplasie congénitale classique des surrénales | 0.00779 |
Insensibilité complète aux androgènes | 0.0076 |
vrais hermaphodites | 0.0012 |
idiopathique | 0.0009 |
insensibilité partielle aux androgènes | 0.00076 |
Tétrasomie X |
Il en ressort que 1,72% des humains seraient intersexes, assez loin des 10% souvent annoncé. Mais si l'on prend en compte que les problèmes de santé, comme les anomalies chromosomiques, les anomalies hormonales ou les anomalies congénitales, ne peuvent faire partie des intersexes, c'est-à-dire si l'on considère que l'intersexe naturelle est sans incidence sur la santé de l'individu ou sa reproduction, et pour lequel le sexe phénotypique n'est pas classifiable entre mâle ou femelle, alors ce pourcentage n'est plus que de 0,018%.
En France, cela correspondrait donc à environ 12'000 individus réellement intersexes contre environ 1'150'000 individus déclarés comme tel mais qui ont des problèmes de santé, ont une anomalie ou ont bien un sexe phénotypique classifiable mâle ou femelle.
Si un "continuum" existe, c'est dans la diversité des individus, mais non au sein des sexes, qui reste binaire malgré les variations naturelles.
Quelques références
Une vache peut donner naissance à un veau à deux têtes par des processus naturels, néanmoins, ce veau à deux têtes manifeste incontestablement une condition anormale.
Ce type de constructionnisme social extrême est source de confusion et n'est d'aucune utilité pour les cliniciens, les patients ou leurs familles. Diluer le terme intersexe le prive de toute signification cliniquement utile.
Leonard Sax, 2002
Le phénotype est l'ensemble des traits observables d'un organisme, le sexe chromosomique est compatible avec le sexe phénotypique. Dans ce cas, il correspond à 99,98% à une dichotomie, mâle ou femelle. L'intersexe correspond aux conditions dans lesquelles le sexe chromosomique est incompatible avec le sexe phénotypique, ou dans lesquelles le phénotype n'est pas classifiable comme masculin ou féminin.
Personnes intersexuées : désigne l'ensemble des personnes qui dérogent aux figures développementales normatives mâle et femelle créées par la médecine, et susceptibles d'être "corrigées" durant l'enfance.
Personnes intersexes : désignes les personnes intersexuées ayant conscience de faire partie d'un groupe de personnes ayant subi la même invalidation médicale, adoptant une vision positive et non pathologisante de leurs corps et affirmant une identité politique.
Janik Bastien-Charlebois, professeur de sociologie
Cela ne repose pas sur un consensus scientifique. Comme les sexes mâles et femelles existaient bien avant la médecine, les intersexes ont évidemment toujours existé. Le terme intersexuation est devenu associé à une identité non genrée et à un militantisme politique LGBT, car le mot "trouble" est considéré discriminant, alors que dans la réalité, il n'est qu'une constatation d'un état de fait. Le ressenti de certains efface en partie cette réalité et peut être problématique dans la gestion des personnes dans le besoin.
John Money, psychologue et sexologue, proclamera en 1955 que les enfants naissent "psychosexuellement neutres", l'avenir lui donnera tord. A parti des années 1960, les opérations de réassignation sont dénoncés par certaines organisations de personnes intersexes comme des violences inacceptables, et s'ensuit des réclamations pour l'arrêt de toute modification des caractéristiques sexuelles qui ne sont ni nécessaires médicalement, ni désirées. Dans les années 1990, Blaise Meyrat, pour des raisons éthiques, diffusa ses idées sous le nom de "moratoire lausannois", qui tient à demander l'avis des personnes concernées.
Source :
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11534012/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12476264/
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00224490209552139
Society for the Scientific Study of Sexuality
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