Il est rare qu’un pont soit établi entre les connexions humaines et les processus microscopiques qui se déroulent en nous. Pourtant, de récentes études sur la «nature sociale des mitochondries» – ces organelles vitales qui peuplent nos cellules – offrent une nouvelle vision audacieuse. Elles révèlent que les principes fondamentaux de nos interactions sociales, comme les relations intimes, les dynamiques sociales et les profondes interdépendances qui nous lient les uns aux autres sont également à l'œuvre au niveau subcellulaire.
Un miroir subtil
Les mitochondries, ces petites centrales énergétiques, ne travaillent pas seules. Elles collaborent, communiquent et coordonnent leurs activités pour assurer le bon fonctionnement de la cellule. Les études soulignent qu'elles "communiquent entre elles via des signaux chimiques, synchronisent leurs comportements, et se spécialisent pour accomplir des fonctions essentielles". Cette dynamique n'est pas sans rappeler nos propres relations, où nous collaborons dans des cercles sociaux pour construire des cultures et affronter les difficultés, où la qualité des échanges verbaux ou émotionnels est cruciale pour renforcer les liens.
Dans nos relations humaines, la synchronisation des gestes, des paroles ou des émotions favorise une connexion plus profonde. Chez les mitochondries, cette synchronisation est également présente, comme par exemple dans les cellules cardiaques, où elles oscillent ensemble pour maintenir un équilibre vital. Ce parallèle entre les cellules et les individus met en évidence un principe universel : l'harmonie nait de la coopération (voir article : trahir ou coopérer).
Tout comme les individus au sein d'une société, les mitochondries démontrent une autre caractéristique majeure, une interdépendance fonctionnelle. Elles coopèrent non seulement entre elles, mais aussi avec le noyau de la cellule. Le noyau fournit les protéines essentielles aux mitochondries, qui en retour produisent l'énergie indispensable à la survie cellulaire. Comme un parent qui nourrit son enfant, qui plus tard prendra soin de ses aînés, une danse perpétuelle d'échanges et de dépendances réciproques qui contribuent à un équilibre global. De même, leur spécialisation dans différentes tâches, comme la production d'hormones dans les glandes surrénales ou l'énergie dans le muscle cardiaque, rappelle la division du travail dans les sociétés humaines. Chaque individu apporte ses compétences uniques pour atteindre des objectifs collectifs plus vastes, qui s'agisse d'un système biologique ou d'une communauté.
Transmission et effets
Une caractéristique originale des mitochondries est leur transmission exclusivement maternelle. Bien que le sperme contienne des mitochondries, elles ne persistent pas dans l'embryon après la fécondation. Ce processus, connu sous le nom d'élimination des mitochondries paternelles (PME), est essentiel pour éviter des conflits génétiques. Il est si efficace que l'ADN mitochondrial présent dans le corps d'un individu provient uniquement de sa mère. Dès la conception, le logiciel a pour apprentissage de ne garder que le meilleur, en rejetant tout ce qui est considéré inutile, obsolète, abimé ou potentiellement nuisible. Cela rappelle la sélection naturelle favorisant l'optimisation des avantages, qui a comme objectif indirecte la survie de l'espèce. En effet, des études montrent que le maintien des mitochondries paternelles ou des déséquilibres dans l'élimination des mitochondries pendant le développement embryonnaire peut apporter divers problèmes musculaires et respiratoires, ainsi que des troubles mentaux et des conséquences sur les fonctions cognitives à l'âge adulte. Heureusement, des traitements à base de vitamines sont capables d'inverses ces désordres. C'est un constat qui illustre combien des défaillances dans les interactions, qu'elles soient mitochondriales ou humaines, peuvent avoir des répercutions négatives et durables.
Comme nous dans notre environnement, les mitochondries jouent un rôle central dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques humaines. En produisant l’énergie nécessaire pour alimenter nos cellules, elles influencent directement la vitalité, la capacité de résilience et donc la santé. Elles ont divers rôles dans le métabolisme énergétique pour soutenir les fonctions cérébrales, musculaires et immunitaires. Lorsque leur efficacité est compromise, des troubles variés peuvent apparaître, allant de la fatigue chronique aux maladies neurodégénératives. Les mitochondries produisent également des signaux biochimiques qui régulent des processus informatifs, comme la réponse inflammatoire, ou indispensables comme l’apoptose (la mort cellulaire programmée). Ces mécanismes doivent être soigneusement équilibrés, car tout dysfonctionnement mitochondrial peut déclencher des réponses inflammatoires exagérées, participant à des pathologies comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou certains cancers. Des études récentes suggèrent que cela pourrait influencer notre santé mentale et pourrait être lié à des troubles dépressifs ou anxieux, probablement en raison de défaillance dans la production énergétique cérébrale et la libération de neurotransmetteurs clés. Ces petits êtres seraient très touchés par le stress chronique qui est un facteur connu pour accélérer le processus de vieillissement, entre autre. Lorsqu'une personne est exposée à un stress prolongé, les mitochondries peuvent en souffrir, en diminuant leur nombre et en affectant leur capacité à produire de l'énergie de manière optimale. Cela entraîne une augmentation des dommages par l'oxydation, qui accélèrent le vieillissement des tissus, et un déclin général de la vitalité.
Soigner ses mitochondries
Pour garder ses mitochondries en bonne santé et ainsi favoriser son bien-être général, plusieurs stratégies, somme toute assez basiques, sont à adopter. L'exercice physique régulier stimule la biogenèse (création d'un nouvel organisme vivant) mitochondriale. De même, une alimentation équilibrée, riche en antioxydants et en nutriments essentiels comme les vitamines protège les mitochondries. Le médecin sera évidemment l'interlocuteur à privilégier pour vous aider à déterminer si vous avez des carences. L'exposition au soleil, de manière modérée, favorise la production de vitamine D, ce qui est bénéfique pour leur fonctionnement et l'énergie cellulaire. Par ailleurs, des exercices de gestion du stress comme la méditation peuvent aider, mais ils sont loin d'égaler le réparateur principal : un sommeil de qualité.
Les mitochondries nous montrent que la vie, qu'elle soit microscopique ou macroscopique, prospère grâce à l'entraide. Dans les relations humaines, cette capacité à se réunir pour affronter les difficultés est une des forces essentielles de la condition humaine. Malgré un monde suggérant le stress et l'isolement comme unique voie, on retiendra surtout que la moindre de nos cellules, dès notre conception, est programmée pour répondre à un protocole de survie de l'espèce et non individuel. Ce sont les mêmes principes fondamentaux que notre propre capacité d'existence d'animal social : la communication et la coopération.
sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mitochondrie
La nature sociale des mitochondries et ses implications pour la santé humaine
retard embryonnaire modéré dans l'élimination des mitochondries paternelles
Les insertions d'ADN mitochondrial nucléaire somatique
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