Selon les estimations, entre 0,5% et 1% de la population globale pourrait être atteinte par ce trouble. Oui, il s'agit bien d'un trouble. Il n'est pas interchangeable avec le terme "pervers narcissique" qui est souvent utilisé de manière informelle pour décrire quelqu'un qui présente des traits de narcissisme malveillant, qui prend plaisir à faire du mal.
Zoom sur le diagnostic et les pistes de gestion d'un trouble qui poussent certaines personnes à prendre plaisir à se sentir admirées et spéciales, et ce de manière exagérée pour elles et leur entourage.
Critères de diagnostic
Le manuel des désordres mentaux (DSM-5) est un ouvrage de référence utilisé par les professionnels de la santé mentale pour diagnostiquer les troubles mentaux. Cette bible pour psychologues et psychiatres contient des descriptions détaillées des différents troubles mentaux reconnus, ainsi que des critères de diagnostic et des informations sur le traitement de ces troubles. Ce manuel est régulièrement mis à jour pour refléter les dernières avancées dans le domaine de la santé mentale. Il est important de noter que ces comportements ne sont considérés comme troubles mentaux que s'ils sont excessifs et perturbent la vie quotidienne de la personne.
Il y est fait référence notamment au trouble narcissique de la personnalité et décrit les critères de diagnostic de celui-ci, afin de recommander un traitement approprié. En voici la liste :
Une grande estime de soi
C'est un sentiment gonflé d'estime de soi, un sentiment excessif de supériorité ou de grandeur chez une personne. Son impression de supériorité peut se manifester par des croyances irréalistes en ce qui concerne ses propres talents, compétences, ou importances, ainsi que par une tendance à surestimer ses réalisations et ses capacités.
La personne éprouve un sentiment de droit de prééminence, c'est-à-dire une croyance qu'elle est spéciale et a le droit d'être traitée de manière privilégiée, indépendamment de la situation ou de ses actions. Cela peut se manifester par des comportements arrogants ou égoïstes, ou par la conviction que les règles et les normes ne s'appliquent pas à elle.
Cela peut entraîner des comportements de domination ou de manipulation des autres, dans l'objectif de satisfaire ses besoins et ses désirs. Les relations peuvent prendre plusieurs formes, telles que des relations de travail ou professionnelles injustes ou abusives, ou des relations intimes ou familiales dans lesquelles les besoins et les droits de certains membres sont ignorés ou violés.
Une soif d'attention
La personne a un besoin constant d'être l'objet de l'attention et de l'admiration des autres. Cela peut se manifester par des comportements tels que des tentatives constantes pour attirer l'attention sur soi, la nécessité d'être le centre des conversations, ou des efforts pour monopoliser l'attention des autres. Certains peuvent aller jusqu'à se mettre en danger pour attirer l'attention sur eux, comme de l'automutilation ou des tentatives de suicide.
Une personne atteinte peut également être très sensibles aux critiques, et peut avoir des réactions excessivement négatives si elle estime ne pas recevoir assez d'attention ou d'admiration. Elle a des difficultés à maintenir une image stable et cohérente d'elle-même en raison de l'influence des autres ou de facteurs externes. Elle peut avoir des difficultés à définir ses valeurs, ses intérêts, ou ses objectifs dans la vie, et peut avoir tendance à changer d'opinions ou de comportements en fonction des personnes avec qui elle est en contact. Cela peut entraîner des problèmes de confiance en soi, des troubles de l'estime de soi, et évidemment jouer fortement sur les relations.
Elle a souvent une réaction émotionnelle négative lorsqu'elle ne reçoit pas la reconnaissance, l'approbation ou l'acceptation qu'elle attend des autres. Elle a un sentiment de dépression ou de vide, d'où ce besoin constant de validation. Cela peut entraîner des troubles de l'humeur, tels que la dépression ou l'anxiété, ainsi que des difficultés dans les relations interpersonnelles.
Un manque d'empathie
Il est compliqué, voir impossible, pour la personne de se mettre à la place des autres et de comprendre leurs émotions et leurs points de vue, elle n'a que peu ou pas d'empathie. La personne atteinte peut avoir du mal à se connecter émotionnellement avec les autres, et peut avoir des difficultés à ressentir de la compassion ou de la sympathie pour les personnes qui sont en souffrance. Cela peut se manifester par des comportements insensibles ou égoïstes envers les autres, ou par un manque de considération pour leurs sentiments ou leurs besoins.
Il est compliqué pour elle d'établir des liens étroits et profonds avec les autres, en raison de la peur de l'intimité, des difficultés d'émotion, ou des croyances limitantes. Les relations seront toujours superficielles et insatisfaisantes. Elle aura régulièrement l'impression que les autres sont jaloux d'elle, croyant que les autres ressentent de la jalousie en raison de ses réalisations, de ses qualités ou de ses avantages.
Des pistes
Traitement
Il n'y a pas de traitement spécifique, chaque cas variant en fonction de plusieurs facteurs, tels que la gravité des symptômes, les antécédents médicaux et psychiatriques, et les préférences personnelles de la personne concernée.
En général, le traitement peut inclure des thérapies cognitivo-comportementales et des médicaments pour aider la personne à gérer ses émotions et ses comportements, ainsi qu'à améliorer sa capacité à établir des relations saines avec les autres. Il est important de discuter des options de traitement avec un professionnel de la santé mentale qualifié pour déterminer le plan de traitement le plus adapté. Un thérapeute peut aider à en comprendre les causes et mettre en place des stratégies pour s'en sortir. Le traitement peut prendre du temps et demander beaucoup d'efforts. Il faut être patient et persévérant.
Pour aider à mieux vivre soi-même avec cette condition, il faut être capable de :
- Reconnaître que l'on a un problème, même si c'est difficile à admettre. C'est une étape indispensable pour accepter d'en parler à un professionnel de la santé. Vous n'êtes pas seul, il existe de nombreux organismes de soutien.
- Apprendre à écouter, à accepter les critiques et respecter les limites des autres. Il n'y a rien de grave à ce que chacun ait ses propres pensées et objectifs.
- Faire des activités pour se détendre et diminuer le stress, comme la méditation, le yoga ou la marche.
Vivre avec une personne atteinte
Si vous vivez avec une personne qui a ce trouble, et qu'il vous est impossible de la quitter pour diverses raisons, voici quelques conseils pour vous aider à gérer la situation :
- Définissez des limites claires et faites les respecter.
- N'essayez pas de changer la personne en question. Il est peu probable que la personne accepte de suivre un traitement qui peut être difficile. Vous ne pouvez pas changer la personne, vous pouvez seulement changer la façon dont vous réagissez à son comportement.
- Vivre avec une personne atteinte de trouble peut être émotionnellement épuisant, si vous avez besoin de parler, n'hésitez pas à demander de l'aide à un ami, un membre de votre famille ou un professionnel de santé.
- Prenez soin de vous, il est éprouvant pour votre bien-être physique et mental de vivre avec une personne atteinte par un trouble. Pratiquez une activité physique, prenez du temps pour vous détendre, passez du temps avec des amis ou votre famille, faites des choses qui vous font du bien.
- Ne laissez pas la personne vous abuser, elle peut être très habile pour vous manipuler, vous faire sentir coupable ou vous pousser à faire des choses qui ne vous conviennent pas.
Si vous le pouvez, le mieux sera pour vous de terminer cette relation.
Mettre fin à la relation
Il peut être très difficile de mettre fin à une relation avec quelqu'un qui a un trouble narcissique de la personnalité, car ces personnes ont souvent du mal à accepter la rupture et peuvent réagir de manière intense. Il est important de garder à l'esprit que vous n'êtes pas responsable des troubles de cette personne, et il est important de reconnaître et de prendre des mesures pour mettre fin à ce type de relation. Voici quelques conseils pour mettre fin à une relation de ce type :
- Si possible, faites le face à face, vous aurez l'opportunité de répondre à ses questions et de calmer ses éventuelles inquiétudes. Si vous rompez par texto, mail ou téléphone, la personne pourrait mal interpréter votre message et réagir de manière complètement inattendue.
- Soyez ferme et clair dans votre communication. Ne donnez pas de faux espoirs et ne laissez pas place à l'interprétation. Dites-lui simplement que vous voulez mettre fin à la relation et expliquez pourquoi.
- Préparez-vous à une réaction forte. Les personnes atteintes par ce trouble peuvent réagir de manière explosive lorsqu'on leur dit qu'on veut rompre. Soyez prêt à rester calme et à ne pas vous laisser manipuler ou intimider.
- Si possible, évitez tout contact avec la personne après la rupture. Si vous avez des amis ou des intérêts en commun, cela peut être difficile, mais c'est important pour votre propre bien-être. N'oubliez pas que son narcissisme abusif pourrait croire que c'est un signe de votre part de vouloir raccrocher les wagons.
- Demandez de l'aide si vous en avez besoin. Rompre avec une personne atteinte de troubles narcissiques de la personnalité peut être émotionnellement difficile. Si vous ressentez le besoin de parler à quelqu'un, n'hésitez pas à demander de l'aide à un ami, à un membre de votre famille ou à un professionnel de la santé mentale.
Enfin, rappelez-vous que vous n'avez pas à subir un comportement abusif ou manipulatoire. Si vous vous sentez en danger, demandez de l'aide à la police ou à un organisme de soutien.
Source :
Manuel des Troubles Mentaux : DDS Manual of Mental Disorders
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