Il y a une différence entre ce que nous aimerions et ce qui est. Et prétendre que certaines mesures de la réalité n'existent pas ou sont à balayer, sous couvert de stéréotypes ou car elles ne nous plaisent pas, ne permet pas de nous confronter à notre nature, à notre condition animale d'humain.

L'humain est un animal assez particulier, il peut avoir une multitude de types de relations possibles et adoptent des stratégies impressionnantes de complexité pour y parvenir. Sur toute une vie, il peut ne pas vouloir de partenaire, comme en avoir de multiples, pendant des durées plus ou moins variables, et il fait partie aussi des rares 3 à 5% de mammifères qui savent s'investir naturellement dans une relation de longue durée. Dans tous les cas, en tant qu'espèce sexuée, la recherche de partenaire, qu'elle soit dans un but de reproduction ou non, implique inévitablement de passer par un processus de sélection.

La hiérarchisation

Chacun va classifier les autres selon ses propres références, ses propres particularités de vie et de conviction, et en sortir une hiérarchisation qu'il devient imprudent de critiquer sous peine de tomber dans les jugements de valeur. La hiérarchisation n'est pas un gros mot : c'est un résultat naturel de la compétition de la vie, autrement dit le résultat des compétences de chacun. Il peut y avoir une infinité de domaines dans lesquels chaque être humain peut exceller ou être inexpérimenté. Ce n'est ni bon, ni mauvais, c'est juste comme ça.

Classer les compétences

Nous sommes des apprenants sociaux qui nous entraînons à simuler par mimétisme des comportements qui sont associés à un statut. La famille, les amis, les médias, et dernièrement les réseaux sociaux, et particulièrement les influenceurs, ont un rôle important dans cette construction sociale.

Fort heureusement, grâce à la diversité humaine, il n'y a pas qu'une seule hiérarchisation. Chaque personne peut devenir un mémorable chasseur, un brillant tennisman, un remarquable ingénieur ou un formidable joueur de jeux vidéos, et peut mêler plusieurs compétences avec des traits comme le partage, l'ouverture ou l'agréabilité. Le groupe bâtira une hiérarchie suivant les compétences de chacun, de manière consciente ou non, et certaines d'entre elles ne seront pas forcément mises en avant malgré leurs caractéristiques épatantes. Si un chasseur ne partage jamais le résultat de ses prises, la vision que le groupe lui porte ne pourra jamais s'améliorer, quand bien même il serait le meilleur dans sa catégorie.

Lorsque vient le temps de rencontrer un partenaire sexuel, les deux sexes ont leurs préférences qui peuvent être influencées par de nombreux facteurs, mais certaines tendances générales peuvent être observées à travers les cultures et les populations. Les hommes peuvent être attirés par des femmes qui présentent des signes de fertilité tels que la jeunesse et des proportions corporelles favorables à la bonne santé, tandis que les femmes peuvent être attirées par des hommes ayant des caractéristiques telles que la force physique, le statut social élevé et la stabilité économique.

La sélection sexuelle

Dès que l'on pense à la sélection naturelle, on imagine facilement que ce sont ceux qui s'adaptent qui survivent, ce n'est pas le cas. Plus précisément, ce sont ceux qui possèdent les aptitudes propices à la survie qui perdurent et qui peuvent espérer transmettre leur gènes. L'humain n'est pas un Pokémon qui peut évoluer à sa guise de manière autonome, il doit en passer par la sélection sexuelle.

La sélection sexuelle n'est pas aussi aléatoire que la sélection naturelle : elle est principalement la capacité à faire une rencontre réussie. Darwin a mis en évidence deux processus pour assurer le succès d'un accouplement en vue de la sélection sexuelle :

  • la sélection sexuelle indirecte, qui dépend de la compétition entre les mâles pour accéder aux femelles reproductrices. Les mâles les plus forts et les plus performants sont en mesure de gagner cette compétition et de s'accoupler avec un plus grand nombre de femelles, transmettant ainsi leurs gènes avantageux à la descendance.
  • la sélection sexuelle directe, qui dépend du choix des partenaires reproducteurs par l'un ou l'autre sexe en raison de leurs traits spécifiques tels que la taille, la couleur, les signes de santé, etc.

Ainsi, le plus souvent les mâles s'obligent à se battre au travers de divers disciplines, comme le cognage de bois ou l'athlétisme, utilisant leur forces suivant des critères pouvant les hiérarchiser dans l'accès à la reproduction. Ceux qui ne remplissent pas ces critères risquent de mettre fin à leurs gènes, car ils seront évités, ignorés ou bannis. C'est principalement le choix des traits considérés avantageux qui va faire office de sélection des partenaires. En effet, celui qui investit le plus dans la progéniture a tendance à être plus sélectif, tandis que celui qui investit le moins dans la progéniture a tendance à être plus compétitif, afin de pouvoir accéder aux désidératas du sexe opposé.

Il y a donc des compétences et traits de caractères qui vont être priorisés dans les préférences de sélection, que l'on soit homme ou femme, qu'on le veuille ou non.

Une sélection féminine exigeante

Les femmes semblent plus sélectives que les hommes. Il existe maintes raisons à ce besoin d'exigence, et cette accentuation a été mise en avant par diverses expériences et études.

Le coût de la gravidité et de la sécurité

La biologie reproductrice nécessite 9 mois aux femmes pour porter un bébé. Cette durée est immuable pour produire un seul enfant, alors que les hommes n'ont besoin que d'un coït pour produire l'équivalent. Ce coût biologique plus important n'est pas du tout intéressant si le partenaire mâle ne sait pas ou ne souhaite pas s'investir pas dans la relation. Il y a aussi l'importance de la sécurité pour elles et leurs progénitures. Elles peuvent préférer des partenaires qui peuvent les protéger et leur fournir une source de soutien. Il convient alors de sélectionner par exemple quelqu'un qui a des traits d'agréabilité envers ses semblables tout en ayant des traits de non agréabilité envers ceux qui peuvent être un danger. Le coût de choisir un mauvais partenaire de reproduction est plus conséquent pour une femme que pour un homme : la femme se doit donc d'être plus sélective. Ces différents traits de caractères font partis des préférences pour être sélectionnés mais ils ne sont pas forcément faciles à détecter comme cela sera développé un peu plus tard.

Expériences

Une expérience, qui a été répliquée dans plusieurs établissements avec des résultats similaires, impliquait des étudiants qui devaient poser 3 questions à des partenaires potentiels choisis au hasard. La réceptivité des réponses est évaluée pour mettre en évidence quelques différences :

Réponses aux questions : voulez-vous...

De manière à peu près équivalente, un peu plus de 50% des femmes et des hommes étaient d'accord pour sortir avec le demandeur. Par contre, dès que l'intime s'incruste, seulement 6% des femmes contre 69% des hommes acceptent d'aller chez l'autre, avec finalement 75% de différence dans les demandes de fornication.

A mesure que les questions deviennent plus intimes, les femmes souhaitent avoir plus d'informations avant de vouloir une aventure. La réceptivité dépend du sexe du demandeur et du demandé mais aussi de la relation précédente entre les participants : les participants qui avaient déjà eu une relation intime étaient plus enclins à accepter l'intimité que les participants qui n'avaient jamais interagi auparavant. Les réponses à la demande de relations amoureuses ou sexuelles sont donc influencées par des facteurs tels que le genre, la relation précédente et le type de demande.

Dans des études, il a été montré que les femmes sont plus exigeantes lorsqu'il s'agit d'accepter un partenaire potentiel. Par exemple, pour un mariage, hommes et femmes veulent de manière égale une personne qui soit plus intelligente que 65-70% de la population. Dans le cadre d'une relation purement sexuelle, les femmes maintiennent ce percentile à 60% alors que les hommes descendent à des chiffres embarrassants de l'ordre de 35-40%. D'autres études ont montré que les femmes choisissent des partenaires avec un engin plus conséquent pour du sexe occasionnel que pour une relation sur le long terme (la différence n'est pas si conséquente, rassurez-vous).

Dans une autre expérience, il est demandé si les participants seraient ok pour avoir une relation sexuelle sans sentiment. Lorsque les résultats sont rassemblée sur une échelle de 1 à 7, où 1 correspond à "pas du tout d'accord" et 7 à "complètement d'accord", les hommes sont en moyenne à 5.5, alors que les femmes sont à 3.5.

Les attentes de chaque sexe ne sont clairement pas les mêmes. Il est plus compliqué de faire partie des exigences féminines que masculines. Cela amène un problème conséquent : les compétences sont plus difficiles à atteindre et ceux qui en présentent quelques-unes, ou qui semblent en avoir, peuvent créer une attirance injustifiée et être sélectionnés plus facilement, malgré une incompatibilité évidente depuis un regard extérieur.

Ces traits qui attirent

Ce ne sont pas réellement les "mauvais garçons" ou les "bad boys" qui sont attirants, mais certains traits de leur personnalité, qui sont associés aux préférences des femmes, comme les capacités de protection et de capitalisation des ressources. Ces capacités sont souvent corrélées à l'intelligence, le statut social, la fiabilité, les capacités athlétiques, la stabilité émotionnelle ou une certaine disposition à être organisé et responsable dans la vie quotidienne. Ainsi, une même personne pourra avoir un pouvoir d'attraction différent suivant sa position hiérarchique.

Là où est le problème est que des capacités décelées sont parfois faussement associées à un partenariat potentiel, alors que cela ne sera qu'une relation à sens unique. Certains profils de personnages semblent les posséder ou pire, arrivent à les feindre pour tromper la naïveté. Des personnes donnent l'impression d'être sûres d'elles, pleines d'assurance, et même si la majorité des personnes confiantes sont des personnes compétentes, toutes ne le sont pas, elles vous illusionnent et vous trompent, parce qu'elles savent ce que vous attendez.

Perception difficile

De prime abord, ces feintes utilisées ne sont que difficilement différenciables des vraies compétences. Preuve en est que des études ont montré comment les femmes, majoritairement les plus jeunes, entre 15 et 25 ans, se sentent attirées par les personnes qui manifestent ces traits. Pour éviter, autant que possible, que le fantasme ne se transforme en trauma, il s'agit de bien définir ce dont on parle.

Imaginez une personne qui vient vous offrir des fleurs à la sortie d'une boîte, votre ressenti sera largement influencé par l'attirance physique que vous éprouverez à ce moment précis, sans moyen de différencier réellement bonnes et mauvaises intentions. Il faut avouer que cela serait bizarre de faire ça à un moment pareil, mais y a-t-il un bon moment ?

Chaque trait peut être perçu positivement ou négativement, suivant l'attirance que l'on peut avoir envers l'autre. En voici quelques exemples :

traits / compétencesperceptions possibles
confiance en soiEtre sûr de soi, capable de prendre des décisions importantes. Arrogant, peu respectueux de l'opinion des autres.
charmeAmical et facile à vivre. Manipulateur et non fiable.
surexcitationPassionnant et divertissant. Instable et dangereux.
sens de l'humourLéger et amusant. Immature et peu capable de traiter les problèmes sérieux.
gentillesseAttentionné et aimant. Peu confiant et peu capable de faire des choix importants.
dominanceDéterminé et capable de prendre des décisions rapides. Autoritaire et peu respectueux des opinions des autres.
générositéAttentionné et charitable. Trop indulgent et peu capable de faire des choix financiers sensés.
intelligenceInformé et capable de résoudre les problèmes de manière efficace. Condescendant et peu disposé à écouter les opinions des autres.
empathiqueCompassionné et capable de comprendre les besoins des autres. Peu confiant en lui-même et peu capable de faire des choix difficiles.
séducteurAttirant et capable d'attention. Insincère et peu fidèle.
sensibleAttentionné et capable de comprendre les émotions des autres. Peu confiant en lui-même et peu capable de faire face à des situations difficiles.
indépendantPrendre soin de lui-même et faire ses propres choix. Peu disponibles pour les autres et peu intéressé par les relations.
stable émotionnellementCapable de gérer les situations difficiles sans perdre son calme. Peu passionné et peu disposé à exprimer ses émotions.

La liste est évidemment beaucoup plus longue, et chaque trait peut se mêler à d'autres traits pour complexifier la chose. La perfection n'existant pas, la clé est de trouver un équilibre. Il n'y a pas de "mauvais" traits de caractère ou de "mauvaises" compétences en soi, mais certains assemblages peuvent devenir problématiques s'ils ne sont pas gérés de manière appropriée dans le contexte d'une relation.

La sombre triade

La triade sombre est un modèle de personnalité qui se concentre sur trois traits interconnectés considérés comme négatifs dans les relations interpersonnelles : le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie.

Dans les stratégies de relation, les personnes présentant un score élevé sur ces dimensions peuvent, d'une manière générale, adopter des comportements destructeurs et manipulateurs. Elles seront moins enclines à entretenir des relations stables et satisfaisantes par leur manque d'empathie et leur comportement égoïste.

Quelques explications sur ces différents traits :

  • Le narcissique est marqué par un sentiment de grandeur, il pense être le plus intelligent, le plus attirant, le plus charmant, le plus compétent, alors qu'il n'en est rien. Le sentiment d'admissibilité qui l'anime est pour lui une obligation, tout le monde doit l'accepter. Il est si formidable qu'il mérite d'être le centre d'attention et doit bénéficier d'une plus grande part du gâteau, aussi bien dans la vie de tous les jours que dans la vie intime, en d'autres termes la sexualité.
  • Le machiavélisme est la capacité d'une personne a définir une stratégie sociale qui exploite les autres. Ils feindront la réciprocité, en faisant croire à une amitié ou à un service rendu, alors qu'ils tricheront. Ils manipuleront et utiliseront les autres pour atteindre leurs propres objectifs.
  • La psychopathie est associé à une absence de remords et de culpabilité. La grande majorité des humains ont de l'empathie et ressentent de la compassion si une personne ou un animal se blesse et souffre. Les psychopathes ne ressentent pas tout ceci, il ne le ressente que pour eux. Ils sont de plus très peu réceptifs à la punition qui ne changera pas leur comportement, comme si la seule chose qui comptait était l'accès à la récompense, sans penser aux conséquences futures à rester dans l'immédiateté.

Les personnes qui regroupent ces traits sont plus à même de tricher, de séduire et d'abandonner, de s'engager dans des tactiques d'accouplement trompeuses et ainsi de suite. C'est un vrai souci pour les relations sur le long terme.

L'attractivité rend aveugle

Bien évidemment, l'expérience aide à détecter ces travers et l'attirance envers ces traits diminue avec l'âge, mais malgré toute l'expérience de certaines personnes, combien en ai-je vu soutenir et défendre corps et âme des comportements inadmissibles, trouver des excuses à tout, car les règles que nous nous forgeons "sautent" quand l'attirance est trop présente. Nous nous illusionnons nous-même, prétextant "l'amour" dès que cela nous arrange. Certains justifient qu'ils veulent faire comme les autres, d'autres l'inverse, parfois c'est qu'ils ne veulent pas "finir tout seul", ou encore qu'ils ne trouveront pas mieux. Si vous sortez des "oui mais", vous cherchez des excuses : ce ne sont que de faux alibis, des affirmations sans fondement qui poussent le raisonnement à espérer que tout va aller dans le sens qui vous sied, sans garantie aucune.

Approfondir la réflexion sur soi par l'introspection et l'extrospection est indispensable pour avancer et limiter les mises en relation pénibles voire dangereuses, mais cela peut prendre beaucoup de temps lorsque des (mauvaises) habitudes intellectuelles se sont installées. Une violence pourra être confondue avec une capacité à défendre, une folie par le courage, tout est question de circonstances et de la nécessité du besoin. Chacun a la capacité d'évaluer si cette haute estime de soi, cette manipulation ou ce manque d'empathie est justifiée ou si ce n'est que de l'arrogance, de l'escroquerie ou une psychose. Méfiez-vous de toute violence gratuite, qu'elle soit verbale ou physique, ainsi que la mise en danger par l'abus d'alcool, surtout au volant, ce sont des marqueurs qui ne trompent pas.

Si vous rencontrez ce genre de personne qui, forcément, ne vous conviendra pas, vous devez passer à autre chose le plus rapidement possible. Oui, suivant l'attraction qu'elle exerce sur vous, il est possible que vous viviez une étape difficile : la rupture, qui vous sera bénéfique sur le long terme. Comme j'aime à le dire, il vaut mieux savoir à qui l'on parle plutôt que de vivre dans l'illusion. Acceptez que vous ayez pu vous tromper, ou que l'on vous ait trompé, cela ne fait pas de vous une mauvaise personne. N'oubliez pas que la personne qui vous semblait attirante n'est pas représentative des autres, aiguisez vos sens pour détecter les traits à première vue faussement présents ou manquants. Ne vous fiez pas à vos émotions, nous ne sommes que des humains, un animal certes complexe mais pas forcément très attentif, contrairement à ce que aimons nous faire croire.

Source :
Charles Darwin
Dr David BUSS
Dr Del PAULA
Helen Fisher & Russel Clark
George C Williams
Steven W. Gangestad & Jeffry A. Simpson
Facial attractiveness: Evolutionary based research, Anthony C. Little, Ben Jones, Lisa M. Debruine (2011)
Trustworthy ? The brain knows : implicit neural responses to faces in dark triad, David S. Gordon, Steven M. Platek (2009)
Perceptions of female physical attractivenes in 47 cultures, Viren Swami, David A. Frederick, Toivo Aavik, Lidia Alcalay (2010)
Menstrual cycle alters face preference, I.S. Penton-Voak, D.I. Perrett, D.L. Castles, T. Kobayashi, D.M. Burt, L.K. Murray, R. Minamisawa (1999)


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